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LES PIEDS FOURCHUS

détourna les yeux, de manière à éviter les regards de son fils.

Enfin, prenant son courage à deux mains, l’Oncle Jerry se mit à crier : « enfants ! enfants ! » d’une voix formidable qui dût être entendue à un demi-mille malgré le grondement de l’orage.

Aucune réponse ne fut faite. Alors les deux hommes montèrent jusqu’à la porte de la chambre à coucher, l’ouvrirent doucement et écoutèrent… Au milieu du plus profond silence ils n’entendirent que la respiration égale des petits dormeurs, rien ne bougea autour d’eux.

— Particulièrement étrange ! Luther, hein ? dit le vieillard ; d’où penses-tu que vienne ce bruit.

— Il partait bien d’ici, père ; juste de l’endroit où nous sommes, repartit le gros garçon en se serrant contre son père, et parlant d’une voix chevrotante.

— Ils ne dorment pas, bien sûr, ces coquins d’enfants ; mais comment ont-ils pu se sauver dans leurs lits, si vite, et sans le moindre bruit… ? voilà qui me paraît fort !

— Eh ! bien ! père ! demanda la Tante Sarah en