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LES PIEDS FOURCHUS

grand-mère ; au fond, les instincts égrillards de sa progéniture lui agréaient fort. S’il eut été maître de la situation, il en aurait fait tout juste pour satisfaire sa femme, et enhardir les gamins. Sans quitter son fauteuil où il aurait piétiné un instant, il aurait mis son chapeau de travers, roulé de gros yeux puis il aurait ri, à laisser rouler ses béquilles sur le plancher : tout cela au grand scandale de Watch le vieux chien de garde blotti dans les cendres.

Mais Lucy et le Brigadier arrivèrent trop tard : à leur approche les enfants avaient dégringolé l’escalier, criant, riant, se culbutant, les mains pleines de neige.

Dans le corridor, il y avait deux ou trois sentiers neigeux attestant que cette petite racaille y avait passé, les uns pieds nus, d’autres en sabots, les poches pleines de provisions fondantes qui s’étaient semées en route, mais que faire ? le mal était accompli ; dans leur fuite, les petits scélérats avaient emporté jusqu’à leur lit.

— En vérité ! dit la Tante Sarah, à la vue de tout ce criminel dégât, je ne supporterai pas cela plus longtemps. Je vais mettre demain toute cette vermine à la porte.