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LES PIEDS FOURCHUS

— Bonté divine ! je n’avais jamais entendu pareille histoire ! ajouta Peletiah.

— Quand la neige est tendre, ils sont hors d’affaire, continua le maître d’école, car ils peuvent faire la trace.

Faire la trace ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Cela veut dire qu’ils plongent dans la neige, y ouvrent un chemin avec leurs épaules, et tracent ainsi un chemin.

— Alors, c’est le moment de chausser les raquettes, hein ?

— Oui ; mais croyez-moi, ce n’est pas une agréable besogne de suivre avec des raquettes un grand moose : avec son trot allongé, il prend toujours l’avance ; si on n’a pas de petits chiens légers pour le harceler, on est exposé à courir après lui plusieurs jours, plusieurs longs jours, sans l’atteindre.

— De petits chiens ? Pourquoi pas de gros ?

— Parce que les roquets l’inquiètent en lui mordant les jambes ; ils tournent autour de lui sans casser la croute de glace, car leur poids n’est pas assez fort pour cela : le moose est ainsi retardé dans sa fuite, le chasseur a le temps d’ar-