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les forestiers du michigan

Basil ne tergiversa pas, il retourna en arrière. Accoutumé à être prudent, il s’approcha de la rivière avec les plus grandes précautions et gagna sans bruit les abords du lieu de son débarquement.

Là il eut beau écouter, épier du regard les rives du cours d’eau ; le silence seul et la solitude répondirent à ses investigations : il n’y avait plus ni Johnson, ni canot, ni sauvages ; plus rien que l’immensité neigeuse, muette, glacée, et le torrent bleuâtre dont les vagues folâtraient lugubrement entre elles.

– Ma foi ! murmura-t-il en inclinant la tête avec mélancolie, voilà ce pauvre Horace enfoncé. Je ne l’ai jamais beaucoup aimé, cet homme, cependant je ne lui aurais souhaité aucun mal. Enfin ! c’est pour tous la même loi ; nous devons tous y aller tôt ou tard.

Sur ce propos philosophique, Basil tourna les talons et reprit diligemment la route du Fort Presqu’île, où il arriva fort tard dans la soirée.