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les forestiers du michigan



ralisé ; sa frayeur était telle qu’il baissa, non-seulement la tête, mais tout le corps, et alla choir éperdument au fond du canot, les cheveux hérisses, la poitrine haletante.

Veghte avait saisi le long et flexible aviron ; il le plongea vigoureusement dans l’eau et le manœuvra avec une telle ardeur que bientôt le léger esquif vola sur les flots clapotants.

Il était temps, les Indiens étaient sur le bord ; et leurs balles sifflaient brutalement aux oreilles des fugitifs.

— Ah ! il faut que ça finisse ! s’écria Basil en déposant l’aviron pour prendre son fusil ; en voici une qui m’a touché ! et si l’affaire continue de cette façon, nous n’irons pas loin. Johnson, où est mon fusil ? donnez-le moi.

Jonhson fit son possible pour obéir, mais il tremblait si fort que le mousquet lui échappa ; malgré les efforts désespérés de Veghte, l’arme chavira par-dessus le bord et disparut en un clin d’œil dans le gouffre liquide.

Il serait inutile et impossible de reproduire les interjections avec lesquelles le Forestier accueillit ce fâcheux contre-temps.