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les drames du nouveau-monde



répétant son axiome « que les femmes étaient d’étranges choses ; » et se renferma dans le silence, après avoir invité, par signes, la jeune fille à dormir.

Pendant près d’un quart d’heure pas un mot ne fut prononcé : Basil fumait, les yeux nonchalamment fixés sur le feu, lorsque tout à coup une idée lui vint, il releva la tête pour parler. En faisant ce mouvement il s’aperçut que Johnson et l’indienne se regardaient avec un air qui lui parut éminemment suspect. À l’instant où Veghte bougea, les yeux de son mystérieux compagnon s’abaissèrent vivement vers le feu, et y restèrent fixés avec une expression affectée de somnolence et de rêverie. On aurait pu croire que Johnson, absorbé dans ses méditations, avait depuis longtemps oublié l’univers entier, l’Indienne et Veghte lui-même.

Basil finissait par ne rien comprendre à tout ce qui se passait autour de lui. Il demeura convaincu que Johnson et la fille sauvage échangeaient des signaux mystérieux : il fut tellement impressionné de cette idée qu’il voulut en avoir le cœur net, et se mit à questionner Johnson.