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les forestiers du michigan



tention, vous ! de ne pas chercher à fuir : j’ai l’œil sur vous, et si vous faites un pas je vous écrase ! poursuivit-il en s’efforçant de rendurcir sa bonne voix émue de compassion.

Le bon forestier ne doutait pas que l’Indienne ne fût arrêtée par cette idée « qu’il avait l’œil sur elle. » — Au milieu de cette obscurité épaisse dans laquelle ils ne pouvaient s’apercevoir, ce propos aurait pu paraître présomptueux mais il n’y regardait pas de si près, l’excellent homme ! Il ne songeait qu’à l’empêcher de fuir, c’est-à-dire de courir à une mort certaine : pour cela il s’efforçait de l’épouvanter en la menaçant de sa colère, « si elle bougeait. »

— Ah ! ah grondait-il tout en bâtissant son feu ; oh ! oh ! je suis un terrible homme, quand on m’irrite ! je ne sais pas ce dont je suis capable dans ma colère ! si vous faites un mouvement, je vous tuerai avant de m’en apercevoir. — Holà ! elle remue, je crois ! s’écria-t-il en entendant un léger froissement sur la neige.

Prompt comme l’éclair, il jeta la poignée de petit bois qu’il tenait, et bondit vers elle.

— Non ! elle ne peut aller loin… : Ah Seigneur !