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les forestiers du michigan



m’en restait juste pour deux heures au plus.

« J’étais donc assez embarrassé de savoir quel parti prendre.

« En regardant autour de moi, je remarquai que l’arbre avait de grosses racines saillantes ; je pouvais m’élancer et à l’aide de ce marchepied naturel, grimper sur l’arbre. Mais, au même instant, je fis la réflexion que le tronc était assez gros pour que mon ennemi pût y monter après moi, et qu’il serait fort capable de commettre cette indélicatesse. À ce moment je ne pus m’empêcher de conclure que j’avais tiré un méchant coup de fusil, et que j’avais été bien stupide de laisser fuir cette bête avec une aussi minime blessure.

« Si, seulement, j’avais pu rattraper mon fusil, j’aurais pu terminer assez bien la plaisanterie mais, comme vous voyez, c’était là, précisément, le point difficile. L’ours était, pour ainsi dire, assis dessus ; et il n’aurait, vraiment, pas été commode de le déranger.

« Enfin je me rappelai qu’aucun animal ne tient bon contre le feu, et je me décidai à le charger avec un bon tison.