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les forestiers du michigan



outrance pour laver cette insulte dans mon sang.

« Je ne sais combien de temps avait duré ce fandango de rêveries, lorsque je m’avisai de lever les yeux : mon diable d’ours était là, à six pas, avec sa blessure saignante

« Oui, Sir j’étais pétrifié ! Je pense que mes cheveux se sont mis tout debout sur ma tête, au point de soulever mon chapeau. Mais, le pire de tout cela, c’était que dans ma préoccupation d’allumer le feu, j’avais oublié mon fusil par terre, assez loin de moi et je n’y avais plus pensé. En regardant l’ours, je m’aperçus que le bout du canon touchait presque une de ses grosses pattes il n’aurait pas fait bon aller le chercher là.

« La brute avait la gueule grande, ouverte, pleine de sang : à son air je reconnus sans peine qu’elle n’avait pas de bons sentiments pour moi. Je suppose que sa première idée avait été de s’enterrer dans quelque arbre creux pour y mourir mais ensuite, ne se trouvant pas aussi gravement blessée qu’elle l’avait cru d’abord, elle avait un peu repris courage, avait fait un petit tour