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les forestiers du michigan



l’après-midi je tirai un ours : cet animal, au lieu de tomber mort tranquillement, prit ses jambes à son cou et se sauva : naturellement, je lui courus après. À la trace du sang sur la neige, je m’apercevais qu’il était grièvement blessé, et je m’attendais, de minute en minute, à le voir culbuter et me donner le temps de le rejoindre. Mais la vilaine brute ne cessa de courir et courir encore jusqu’à la nuit close.

« Sans me décourager, je le suivis de mon mieux, tantôt près, tantôt loin, ne le perdant pas de vue. À la fin, le voyant disparaître comme par enchantement, je doublai le pas si vivement, que, sans m’en apercevoir je perdis pied et me trouvai culbuté dans un trou avec mon diable d’ours.

« Il y eut un petit instant de confusion, j’avais les yeux, le nez, la bouche, pleins de neige. En me relevant j’avais perdu mon gibier ; plus d’ours ! J’eus beau fouiller les broussailles, vérifier tous les environs ; mon stupide animal avait décampé ; je n’en ai plus entendu parler.

« Pendant ce temps-là, il avait continué de neiger, et, pour conclusion, il ne me restait d’autre