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les forestiers du michigan

– Ce Johnson était-il ou n’était-il pas un traître ?

En parlant ainsi Basil avait le regard étincelant, la voix sifflante ; la jeune fille, effrayée, lui répondit en hésitant :

– Les Indiens l’avaient excité à cela, les Français aussi… mais on le ne tenait pas en grande estime.

— Oui poursuivit le Forestier se parlant à lui-même ; c’était le blaireau puant qui coupe la racine de l’arbre qui l’a nourri… Je l’ai vu à l’attaque de Presqu’Isle ! il a sur les mains, sur le front, le sang de ses frères… Je le maudis, c’est un Caïn !

La jeune Indienne contemplait avec une admiration ingénue qu’elle ne cherchait pas à cacher le loyal visage du forestier tout illuminé de sa généreuse colère.

Elle garda respectueusement le silence, comme une squaw doit le faire en présence d’un grand guerrier.

— Et vous ! reprit Veghte d’une voie radoucie ; qu’êtes vous devenue depuis la chute du fort ?

— Mon père ayant été tué, je suis partie pour le