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les forestiers du michigan

Parfois il poussait un profond soupir, rejetait d’une main à l’autre son fusil sur lequel il s’appuyait, puis il se replongeait dans l’abîme de ses pensées.

— Peuh ! dit-il enfin, l’existence ne vaut pas une peau de castor moisie ! Depuis cette mauvaise journée où l’enseigne Christie et moi nous sommes échappés du milieu des morts, j’ai marché de solitude en désert, de regrets en ennuis… seul,… toujours seul !… – Quelquefois, par-ci par là, un Indien… un sauvage ce n’est pas un homme, ça ! vraiment, je m’ennuie du lac, des bois, de la terre et de l’eau, Le ciel me plaît mieux ; j’aime sa couleur bleue, ses petits nuages roses ; quand je regarde là-haut, j’y crois voir bien loin une bonne vieille figure qui me sourit,… la bonne vieille figure de ma mère : … Dieu la bénisse ! Elle m’a bien soigné, bien aimé quand j’étais petit. Ah ! si toutes les femmes étaient comme elle ! — C’est un malheur pour moi d’avoir rencontré cette fille sauvage, Cette Mariami ! Je voudrais bien ne l’avoir jamais vue… je voudrais… Ah ! je suis fou !

Et il se redressa avec impatience. Bientôt ses