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les drames du nouveau-monde



billons de fumée, la hache à la main, pour couper les pièces de bois embrasées et circonscrire l’incendie. Souvent il n’arrivait pas au but ; arrêté dans son élan par une balle, il retombait d’étage en étage et allait rouler jusque hors des parapets.

Les travailleurs du puits, accablés de fatigue, laissèrent tomber leurs outils avec découragement et reprirent leurs fusils. D’autres allèrent reprendre leur besogne et la continuèrent avec l’obstination machinale du désespoir.

Vingt fois l’incendie se ralluma sous une pluie de grenades et de flèches enflammées ; vingt fois on parvint à l’éteindre en sacrifiant plusieurs vies précieuses.

Enfin un cri presque joyeux retentit des profondeurs de la fouille : "Voilà l’eau ! Dieu soit loué !… »

Mais au même instant un autre cri lugubre lui servait d’écho « Le feu ! le feu est au toit ! le feu est au belvédère ! »

Il fallut ainsi soutenir jusqu’à la nuit ce double combat contre les hommes et contre l’élément destructeur.