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les forestiers du michigan

Mais celui-ci avait étendu sa couverture, s’y était moelleusement installé et fumait comme un bienheureux. Il était visiblement plongé dans les béates abstractions de la quiétude, et se délectait à la contemplation de ses riantes pensées intérieures.

Veghte fit un mouvement pour prendre la parole ; l’autre le prévint :

— Il neige plus fort que jamais dit-il en allongeant ses jambes vers le feu. Voilà bien la plus forte tourmente que j’aie vue. Si elle continue comme ça toute la nuit, ce ne sera pas une petite affaire de regagner le fort demain matin.

– À quel fort allez-vous ?

– Au Fort de Presqu’île, sur le Lac.

– C’est également le but vers lequel je marche depuis trois jours.

– Oui, je sais, je sais, fit l’étranger d’un ton suffisant ; vous vouliez y arriver cette nuit même. C’est comme moi, et figurez-vous que j’ai fait tout mon possible ; mais il n’y a pas eu moyen.

– Vous me semblez terriblement savant et perspicace, répliqua le forestier, outré des airs supérieurs que se donnait l’autre.