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les drames du nouveau-monde

— Que la peste puisse t’étouffer en route ! on ne m’ôtera pas de l’esprit que tu joues un double jeu qui finira mal. Je te surveille, Master Horace Devilson (Fils de Diable).

Cette gracieuse apostrophe fut le dernier souhait qui accompagna le départ du sieur Johnson : elle lui était adressée par l’honnête Basil dont les idées prenaient une tournure mélancolique.

Il suivit d’un œil soupçonneux la marche de son ancien compagnon, jusqu’à ce qu’il eût disparu dans les profondeurs de la forêt ; et, longtemps après l’avoir perdu de vue, il demeura immobile, rêveur, inquiet, méfiant de l’avenir.

L’apparition soudaine de la jeune et mystérieuse Indienne, et sa disparition non moins prompte, se mêlaient puissamment aux préoccupations du Forestier : jamais personne ne lui avait inspiré un pareil intérêt ; jamais aucun autre incident de son existence si accidentée n’avait laissé une telle impression dans son esprit.

Une curiosité bien naturelle se mêlait à ces sentiments confus et tout nouveaux pour lui. D’où venait cette jeune fille ? Par quel hasard