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les forestiers du michigan



férent, qu’il me laisse tranquille ! je n’ai pas de temps à perdre en conversation.

Tout en monologuant ainsi, Basil avait mis son canot en mouvement : mais il n’avait pas fait deux brasses que l’autre l’imita et se maintint à la même distance, marchant parallèlement avec lui.

— Ah ! ah ! c’est votre idée d’aller en avant ; grommela-t-il, comme si l’indiscret poursuivant eût pu l’entendre. – C’est une main de Peau-Rouge qui manœuvre ce canot, ajouta-t-il ; je ne serais pas capable de pagayer avec cette précision.

Cependant il fallait prendre un parti et se débarrasser de l’importun. Basil réunit toutes ses forces et lança son canot comme une flèche.

Alors une lutte de vitesse s’engagea.

D’abord le Forestier prit l’avance ; mais peu après son adversaire gagna de vitesse, l’espace qui les séparait diminua d’une façon sensible ; Veghte eut beau faire, il ne put distancer l’autre.

— C’est encore une chose curieuse ! murmura-t-il en ployant et déployant ses bras comme des ressorts d’acier sur les avirons ; je commence à croire que j’ai oublié de ramer ; en voilà un