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les drames du nouveau-monde

Le gros Français ne s’aveuglait pas sur le péril : il s’apercevait bien qu’il allait croissant d’une façon tout à fait sérieuse. Mais il était parfaitement résolu à ne pas prendre terre, car, dans sa pensée, le prisonnier aurait alors trop de chances pour s’évader : Il avait encore une autre raison que Basil ne tarda pas à comprendre.

Depuis environ un quart d’heure l’eau avait changé de couleur et l’apparition d’un courant annonçait le voisinage d’une rivière ou d’un torrent se déversant dans le lac. C’était même précisément le remous produit à cette embouchure qui augmentait l’agitation des vagues.

Bientôt on arriva en face du cours d’eau ; trois vigoureux coups d’aviron firent tourner la barque à angle droit ; quelques secondes après elle était hors du lac Érié et filait comme une flèche sur le courant paisible du Creek (gros ruisseau).

Cette localité était familière à Basil ; il fût, dès ce moment, convaincu que la péripétie de ses aventures approchait. Si le lieu de leur destination était éloigné encore, le dénouement pouvait être favorable, il y avait chance d’évasion :