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les forestiers du michigan

Veghte en conclut qu’ils ne comprenaient pas un mot d’Anglais, si toutefois ils n’étaient pas sourds aussi bien que muets.

Évidemment le gros Français avait lu dans l’âme du Forestier tous ses plans d’évasion : de là, son opiniâtre surveillance.

Basil perdait réellement tout espoir : il était certain que, malgré toute sa vigueur et son agilité, il ne pouvait rivaliser de vitesse avec la balle d’un pistolet ; il était également fort problématique qu’il pût plonger assez longtemps pour être perdu de vue par les gens du canot.

Cependant on naviguait tout doucement, et on avançait tout en se maintenant à la même distance du rivage. Par instants on apercevait très bien la silhouette des bois se découpant en masses sombres sur le fond du ciel ; à diverses reprises le Forestier reconnut des fourrés où il avait fait plus d’une partie de guerre ou de chasse.

Chaque fois cela le faisait rêver : il laissa tomber la conversation et s’enveloppa dans de sombres pensées.

Bientôt on eut dépassé les rives méridionales