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les forestiers du michigan



vait compter toutes ces sombres formes humaines qui fouillaient l’ombre avec leurs yeux ardents.

Il espérait n’être pas vu : un long hurlement de triomphe et un vrai fracas d’avirons le détrompèrent. L’embarcation de ses adversaires bondit sur lui : la meute qui le poursuivait se croyait si sûre de sa proie que pas un coup de fusil ne fut tiré : il leur aurait été facile de le couler bas avec une seule décharge.

Tout espoir d’évasion pouvait être regardé comme impossible ; néanmoins Basil, qui avait plus d’un stratagème en tête, se courba sur son aviron et lança son léger canot à toute volée. Il essaya d’abord de le pousser en zig-zag, jusqu’au point de le faire revenir en arrière, et glisser rapidement au rebours de la barque ennemie. Mais les poursuivants connaissaient leur affaire aussi bien que lui ; ils prenaient leur élan, le retenaient, viraient de bord avec la vitesse de la pensée : en un mot ils s’attachaient à lui comme l’ombre au corps. En outre, comme ils étaient au moins six contre un pour le maniement de la rame, tout l’avantage était de leur côté, car, non seulement ils étaient supérieurs en force, mais encore ils