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sa barque d’une brasse ou deux, et regarda par dessus le plat-bord.

L’embarcation était immobile, mais si rapprochée qu’on entendait ses rameurs parler ensemble à voix basse. Malheureusement pour l’oreille attentive de Basil, ils causaient en langue indienne : Basil aurait donné son bras droit pour les comprendre.

Il écouta longtemps, avec un dépit concentré, ce jargon inintelligible qui renfermait pour lui tant de secrets précieux. Mais un frisson de joie le saisit lorsqu’il entendit une voix nouvelle s’exprimer en français.

Les premières phrases lui échappèrent d’abord ; car le bourdonnement du lac se mêlait à cette conversation intime, et sa grande voix murmurante écrasait les sons grêles sortis des bouches humaines.

Cependant Basil finit par saisir les phrases suivantes :

— Ça va trop mal ! Les yangese (anglais) sont sur leurs gardes. Ils nous ont découverts.

– Alors nous ne pourrons attaquer cette nuit c’est dommage ; nous étions si bien préparés !