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les forestiers du michigan

Heureusement le lac était calme, du moins comparativement. Les eaux des grands lacs, n’étant pas salées, sont plus légères que celles de l’Océan et s’agitent au moindre souffle de vent : rarement leur surface est unie comme une glace. Ceux qui ont passé leur vie sur les bords de l’Érié ne l’ont jamais vu parfaitement calme.

Basil arrêta sa barque à une certaine distance, et, soulevant les avirons, il écouta silencieusement. Aucun bruit ne parvenait à ses oreilles si ce n’était la grande voix murmurante du lac. Il tourna ses regards de tous côtés, et avec ses yeux d’aigle chercha à sonder l’obscurité : il ne put rien voir, tout était noir comme le chaos.

Au bout de quelques secondes un murmure aigu, ressemblant à un cri d’oiseau, vint expirer à son oreille.

— Ce n’est pas un oiseau, grommela-t-il tout bas ; et ça vient du rivage : c’est le gros garçon de là-bas qui donne un signal. Il ne m’était pas destiné, mais j’en ferai tout de même mon profit.

Plusieurs minutes s’écoulèrent ; le même cri fut répété. Basil sourit paisiblement lorsque son dernier murmure fut éteint.