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les drames du nouveau-monde

Johnson : il y a longtemps que je n’avais visité le fort.

— N’êtes-vous pas venu dernièrement dans le voisinage ? demanda Christie.

— Oui, moi et ce Peau-Rouge nous étions en chasse la semaine dernière, dans ces parages ; nous voulions même vous faire des signaux, mais il était tard et le temps nous pressait.

Cette déclaration, outre son cachet indiscutable de vérité, portait en elle une franchise et une spontanéité qui déconcertèrent un peu Christie et Veghte. En outre, Masther Johnson avait une telle apparence de bonne humeur, sa grosse figure était si ouverte, que les soupçons s’évanouissaient d’eux-mêmes rien qu’à le regarder.

— Quand je vous laissai, l’hiver dernier, remarqua Basil, toujours en méfiance, je pensais bien ne plus vous revoir en ce monde.

— Ma foi riposta Johnson, de mon côté je pensais ne rencontrer jamais, ni vous ni personne à l’avenir. Je crois bien n’avoir jamais vu la mort de si près.

— Comment vous êtes-vous échappé ?

Echappé, n’est pas le mot : vous savez dans