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les forestiers du michigan



le bois, y découpèrent de fantastiques silhouettes ; Veghte s’installa sur un nœud saillant du gros arbre, les pieds contre le foyer, fumant sa pipe avec béatitude.

Qu’un bon bourgeois parisien de la rue Saint-Anastase ou de la rue Saint-Paul se figure un pareil coin de feu pour sa nuit !… il se croirait perdu. Basil Veghte était content.

— Voilà un cuisant orage, murmura-t-il tranquillement en secouant dans le feu la neige attachée à ses guêtres j’aurais, tout de même, bien pu continuer ma marche jusqu’au matin mais, à quoi bon ? J’arriverai toujours assez tôt au fort. Christie n’est pas particulièrement pressé de me voir ; s’il tient à me rencontrer plus tôt, rien ne l’empêche de venir au-devant de moi.

À ce moment, l’oreille exercée du chasseur saisit au vol le bruit d’une sourde détonation qui traversait l’air sur l’aile de la tempête.

Ah le canon du fort ! Il est réveillé tard cette nuit : dans tous les cas, c’est marque que tout va bien, et je puis faire un bon somme. Depuis si longtemps que j’étais en route, je commençais à craindre de m’être égaré ; mais ce