Page:Aimard, Auriac - Les Forestiers du Michigan.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
les drames du nouveau-monde



Christie était debout sur l’extrême pointe de la presqu’île, considérablement occupé à lancer des petits cailloux avec la pointe de son pied, et à méditer sur les obscurités de l’avenir.

Il faisait une de ces splendides matinées comme le ciel se plait fréquemment à en accorder aux contrées placées sous cette latitude. En tout autre temps, le commandant du fort se serait senti léger et joyeux mais, ce jour là, son esprit était oppressé par une sorte de pressentiment vague et sinistre, qui peu à peu l’enveloppa comme d’un brouillard de mélancolie.

Un bruit de pas légers frappa son oreille ; il se retourna et aperçut Basil Vegthe qui s’approchait.

— Je ne sais pas ce qu’il faudrait pour vous distraire, fit ce dernier en gesticulant avec sa pipe qu’il venait de retirer de sa bouche ; voila une heure que je vous examine, et vous êtes toujours tête baissée, remuant les petits cailloux, aussi absorbé par vos méditations qu’un chasseur à l’affût du castor. Vous avez dans l’esprit quelque chose qui vous trouble.

— Ah ! c’est vous Basil ! je suis bien aise de