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les drames du nouveau-monde

« Je recommandai à mes hommes de se tenir fermes : mais il avait suffit de la présence des Indiens pour les consterner. Le centre de mon petit bataillon céda sous le choc, se laissa entamer, et tout le monde se retourna vers les bateaux. Ce fut un moment affreux : les braves cœurs qui essayèrent de résister furent mis en pièces ; les autres furent culbutés jusque dans les bateaux, où les sauvages, avec une audace incroyable, arrivèrent en même temps que nous.

« Tant bien que mal on démarra cinq bateaux sur lesquels les survivants s’empilèrent précipitamment, et on poussa au large. Voyant tout perdu, je me jetai à l’eau le dernier, et je me cramponnai au dernier bateau qui fuyait. On me hissa ensuite, une fois en pleine eau, car dans la confusion du premier moment, personne ne s’était aperçu de ma disparition.

« Mais, le croiriez-vous, Sir ! Les sauvages eurent l’acharnement de se jeter sur trois de nos bateaux, d’en renverser les hommes et de les jeter à l’eau tout sanglants. Nos malheureux