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les forestiers du michigan



de la vieille Europe, naturalisé fils du désert.

Depuis douze heures, il luttait contre la tempête avec la force opiniâtre du buffle et la sagacité de la panthère. Il faut avoir essuyé bien des orages, pour se lancer ainsi en pleine forêt lorsque toute voie a disparu, lorsque sous le voile épais des frimas la bête fauve elle-même ne retrouverait plus sa piste.

Cependant Veghte n’avait pas même songé au péril ; l’idée lui était venue de traverser la forêt, il s’était mis en route, et il l’avait traversée.

À la fin, il trouva bon de faire halte sous un arbre immense dont les rameaux épais lui offraient un abri sûr.

Pendant quelques instants il resta immobile et attentif, comme s’il eût épié quelque bruit lointain. Mais rien ne troublait l’effrayant silence du désert, si ce n’étaient les mugissements intermittents des rafales, et le sourd grondement du lac Érié.

Alors il secoua la neige collée à sa carabine, l’appuya contre l’arbre avec précaution ensuite il battit le sol de ses pieds avec une telle vigueur,