Page:Aimard, Auriac - Le Mangeur de poudre.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce précieux ministre de Thémis repondait au doux nom de Scroggs.

Quand arriva le jour solennel du jugement, Adrianopolis tout entier chôma comme un jour de solennité. M. Perkins licencia son école, le tailleur quitta son établi, le cordonnier son échoppe. Il y eût queue aux portes de la chambre de justice, les plus avisés s’y étaient installés dès l’aurore, avec des vivres pour leurs quatre repas. Un huitième du village pût entrer ; le reste écouta au travers des fenêtres.

Dans l’enceinte réservée s’élevait l’arsenal de M. Scroggs : il s’y installa avec la dignité convenable. Vis-à-vis de lui était Perkins, incrusté sur sa chaise, dans une attitude d’attention profonde. Au milieu, et faisant face au public, était le bureau derière lequel apparaissaient la tête massive et les large épaules du juge qui se balançait sur son fauteuil comme un ours dans sa cage. Cet apoplectique magistrat gonflait par