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trueux, effrayant ; chaque tronc noueux devenait fantôme ; chaque branche se tordait comme un serpent ; chaque buisson figurait un gnôme ou un vampire fouillant le sol de ses ongles crochus.

Dans le fond des herbes emmêlées brillaient des éclairs, — yeux farouches des monstres solitaires qu’enfante la nuit, — sautillaient des atômes en sinistre gaîté, des larves en joyeuse humeur.

D’un fourré à l’autre s’échangeaient des cris stridents, furtifs, grinçants, moqueurs et insaisissables ; — c’était le bavardage des ténèbres, le cri d’amour ou cri de guerre des esprits nocturnes, des insectes géants, des citoyens inconnus qui peuplent le royaume des mousses et des fougères.

Comme une tête énorme penchée sur l’eau pour s’y mirer, une péninsule inclinait sur l’Ohio sa chevelure gigantesque d’arbres abattus sur ses