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les drames du nouveau-monde

— Ni moi non plus, trappeur ! Pour qui me prenez-vous ?

— Que vos hommes s’en aillent s’ils ont peur. Votre main, si elle est ferme ; votre œil, s’il est juste ; voilà tout ce que je demande : sinon, laissez-moi tout seul.

— Vous pensez que nous serions assez lâches pour vous abandonner à un tel péril !

— Péril… péril… je n’ai vécu que de cela depuis que je parcours le désert : étranger, je suis un homme grossier et qui ne connaît pas grand-chose aux livres imprimés, mais je sais que je porte ma vie dans ma main ; je sais, aussi, que celui qui est tout-puissant songe au pauvre coureur de bois, autant qu’aux gens riches des villes.

— Certainement ! Dieu n’oublie aucun de ses enfants.

— Étranger, il ne faut pas perdre notre temps en paroles. Je vois là-bas tournoyer une fourmilière de Peaux-Rouges. Ils croient déjà tenir vos dépouilles ; mais si vos hommes valent seulement la moitié de ce que vaut mon ami Lemoine,