Page:Aimard, Auriac - L’Aigle-Noir des Dacotahs.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

81
l’aigle-noir des dacotahs

— Dites-moi ! nous perdons du temps.

— Il vaut mieux laisser respirer ici nos chevaux, que de les voir sans haleine lorsqu’il s’agira de faire une poursuite à fond de train. Vous disiez donc que la jeune fille était jolie ?…

La naïve insistance de Waltermyer sur cette question n’avait rien d’extraordinaire. Perdu dans les déserts et les solitudes sauvages, depuis son enfance, il avait vécu seul et sans autre passion que celle de la chasse ; son long fusil, son couteau, son cheval, formaient toute sa famille ; son cœur n’avait jamais battu qu’à l’aspect d’un troupeau de buffles arrivant à portée du fusil, ou du sauvage armé en guerre ; l’air, le soleil, le ciel bleu, la solitude avaient été ses seules amours.

Il se souvenait parfois d’avoir vu, dans son enfance, de belles femmes, de fraîches et de délicates jeunes filles ; mais tout cela était pour lui comme un rêve. Les femmes indiennes ou les échappées de la civilisation rôdant sur les frontières, ne l’avaient jamais préoccupé. Pour lui, une femme était comme un objet de luxe, spécial