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l’aigle-noir des dacotahs

quelques sentinelles, debout aux extrémités de l’enceinte, se détachaient en noir sur le fond gris et vague de l’horizon.

Mais Thomas Elein — c’était le nom vulgaire du prophète — ne se sentait aucune propension au sommeil : il avait soigneusement fait installer sa tente, à l’écart, sur le bord du camp, de façon à pouvoir sortir de l’enceinte sans être observé.

Il se tint debout quelques instants sur sa porte dans une attitude mystérieuse et réfléchie. Ses fidèles se seraient étrangement trompés s’ils eussent pensé qu’il roulait en son âme de pieuses aspirations, ou des projets mystiques. Il songeait à ses affaires, rien de plus.

— Oui, murmurait-il entre ses lèvres pincées ; oui ! mon plan réussira comme un charme. Je n’ai jamais plié devant aucun être humain ; mon sort va se décider. — Ah ! qu’est-ce que j’entends ? — mais non, ce ne peut être encore le bruit, le signal désiré par mes oreilles : c’est le refrain monotone à l’aide duquel la sentinelle charme ses longues heures de veille. Voici minuit, tous ces