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les drames du nouveau-monde

plus profond péril : son cheval excité par les mauvais traitements, effrayé par le loup, devint furieux au bruit du coup de feu, et se lança à corps perdu, droit vers le précipice. Après avoir rompu les rênes, dans un effort désespéré pour le retenir, Thomas n’eut que le temps de se jeter hors de la selle ; il alla router au milieu des buissons, pendant que le cheval tombait et se brisait dans les profondeurs de l’abîme.

Le « vénérable » couvert de contusions, déchiré par les épines, se releva péniblement ; s’étant trainé avec peine sur un banc de mousse, il resta longtemps immobile, la tête dans ses mains, se sentant envahir par le désespoir.

La position assurément était délicate ; il n’avait d’autre arme à feu que son pistolet. Sans vivres, sans provisions d’aucune sorte, il ne pouvait espérer de salut que s’il venait à rencontrer les sauvages ; autrement il en serait réduit à mourir de faim ou à se poignarder avec son couteau de chasse.

Il fit toutes ces désobligeantes réflexions et bien d’autres encore ; puis, écrasé de fatigue, de dou-