sée de gratitude pour le ciel qui venait de le préserver si miséricordieusement d’une mort certaine.
— Où est mon cheval ? telle fut sa première parole.
— Il est mort.
— Oh ! la brute ! tomber, m’écraser presque, lorsque j’étais si près… !
Il n’acheva pas, mais il avait été bien près de trahir son secret.
— Le Prophète du Seigneur a été conservé pour la grande œuvre, reprit-il d’une voix doucereuse et pénétrée, signe précieux de la sainteté de sa mission. Mes frères ! dans ce qui vient de s’accomplir vous devez voir un des miracles inscrits sur les tables d’or du Dieu vivant.
Ici le vénérable coquin se vit obligé de reprendre haleine : ses contusions le gênaient quelque peu. Bientôt il reprit pathétiquement :
— Oui, en vérité, je vous le dis, nous devons avoir le cœur haut, car il est écrit que notre flambeau ne s’éteindra pas. La brute est livrée aux vautours ; l’esprit est sauvé ; la mort ne peut rien