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les drames du nouveau-monde

reusement sur ce point n’avait pas une grande épaisseur.

Quelques bonds désespérés les portèrent sur le terrain brûlé et exempt de flammes ; le fléau dévorant continua son vol embrasé, et il était loin déjà lorsqu’ils se retournèrent pour courir à leurs chevaux. Les pauvres bêtes haletantes et terrifiées respiraient à peine ; bientôt l’air vif et pur les ranima.

— Nous l’avons échappé belle, dit Waltermyer tâtant ses cheveux et sa barbe brûlés, et caressant le poil roussi de son cheval ; et à présent, amis, comme l’incendie de la prairie ne se voit pas tous les jours, regardez bien ce spectacle, vous vous en souviendrez longtemps.

En effet, c’était un spectacle saisissant : partout, sur une ligne immense roulaient furieusement des vagues de feu, rouges et grondantes, envoyant au ciel des reflets sanglants, demi-noyés dans des tourbillons de fumée. Sous le fléau implacable, les arbres, les feuillages, les hautes herbes disparaissaient comme une goutte de cire dans une cuve pleine de métal en fusion. Et pendant que