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l’aigle-noir des dacotahs

en aviez chassé et mangé autant que moi, vous seriez moins incrédule.

— Manger des serpents ?

— Pourquoi pas ? c’est même très bon et très délicat. J’avoue néanmoins que je n’en cherche pas lorsque j’ai d’autre gibier à me mettre sous la dent.

— J’aimerais mieux mourir de faim.

— Attendez d’y être, mon garçon, pour parler ainsi. Je vous dis qu’un homme affamé ne s’amuse pas à choisir sa nourriture ; il prend ce qu’il trouve. — Le mulet, par exemple, n’est pas ce qu’il y a de meilleur en cuisine, pourtant ça se laisse manger ; le cheval est juteux s’il n’a pas été surmené jusqu’à mourir ; eh ! bien en comparaison, le serpent à sonnettes est un morceau choisi.

Un éclat de rire général accueillit la thèse gastronomique du trappeur. La marche continua allègrement, quoique plus d’un regard inquiet se dirigeât vers les broussailles pour y épier le reptile dangereux dont il venait d’être question.