Page:Aimard, Auriac - Jim l’Indien.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans une majestueuse horreur. Leur aspect sévère était adouci par un déluge de petites cascades mousseuses et frétillantes qui sillonnaient toutes les faces rudes, grimaçantes, froncées de ces géants de granit. Des touffes d’herbes sauvages, de guirlandes folles, de lianes capricieuses, s’épanouissaient dans les creux, sur les saillies, autour des corniches naturelles ; des fleurs gigantesques, sorties du fond des eaux, montaient le long des pentes abruptes que décoraient leurs immenses pétales de pourpre ou d’azur.

À droite, à gauche, des forêts profondes, silencieuses, incommensurables ; des déserts feuillus, enguirlandés, mystérieux, pleins d’ombres bleues, de rayons d’or, de murmures inouïs !

Le lac, plus pur, plus uni qu’une opulente glace de Venise ; le lac, transparent comme l’air, dormait dans son palais sauvage, sans une ride, sans une vague à sa surface d’émeraude bleuissante.

Quelques grands oiseaux, fendant l’air avec leurs ailes à reflets d’acier, planaient au-dessus des eaux, dont le miroir profond renvoyait leur image.

Halleck poussa des rugissements de joie.

— Je vous le dis, en vérité, aucun pays du