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COEUR-DE-PANTHÈRE

contre les blancs exaltait son courage jusqu’à la témérité. Mais sa passion de vengeance personnelle l’avait entraîné trop loin : pour s’assurer de Manonie et de son enfant il s’était sauvé comme un lâche !…

Ces réflexions orageuses faillirent devenir funestes au petit Harry ; la main du Sauvage se leva pour le briser contre les rochers, et si la mère, prompte comme l’éclair, ne se fut interposée, le pauvre innocent était mort.

Il était impossible à la cavalerie de poursuivre les fuyards à travers les rochers, les Dragons se replièrent donc en ordre de bataille, et s’occupèrent de leurs morts et de leurs blessés : ces derniers étaient au nombre de cinquante environ : il n’y avait que quatre tués, les Indiens ayant fait usage seulement du tomahawk et du couteau.

Manonie, le cœur brisé, avait vu s’éloigner sans retour ces amis nombreux dont un seul aurait pu la sauver, et qu’elle n’avait pu avertir ni par un cri, ni même par un geste.

Vainement elle essaya de sonder Wontum sur ses intentions, mais il opposa à toutes ses questions un dédaigneux silence. Quand elle se