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sans famille… ! Oh ! non ! ce serait terrible, de perdre tout ce bonheur inquiet mais précieux ; que le ciel m’a donné. — Je ne sais si mes parents m’aimaient comme j’aime mon fils. Ils doivent être morts, car je sens bien que je ne survivrais pas à une telle perte… Allons nous coucher.

À ces mots, la jeune mère s’agenouilla auprès du berceau, leva ses mains vers le ciel, et fut absorbée pendant quelques instants dans une fervente prière. Elle se releva ensuite doucement, pressa contre ses lèvres une petite main rose que l’enfant avait arrondie sur son front ; puis elle se glissa doucement vers son lit, marchant sur la pointe des pieds, pour ne point troubler le sommeil du cher petit innocent.

Fatiguée de ses veilles et de ses inquiétudes, Manonie s’endormit profondément.

Le monstre à figure humaine qui veillait, caché dans un recoin obscur, quitta sans bruit sa sombre retraite et s’approcha lentement du lit, le couteau tiré en cas de besoin. Il prit l’enfant dans ses bras avec une précaution telle que ni lui ni sa mère ne furent éveillés : il ouvrit silencieusement la porte, traversa le vestibule, descendit