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Et elle courut vers la porte, croyant aller au devant de son mari.

Pendant qu’elle s’éloignait, le Sauvage se glissa à pas de loup dans la chambre, se cacha derrière les doubles rideaux de la fenêtre et attendit les événements.

Il eût le temps de faire l’examen de la pièce ; elle était meublée sans luxe, mais néanmoins elle renfermait tout ce qui constitue une simplicité confortable. Près du lit de sa mère, le petit Harry reposait dans un joli berceau.

Le petit Harry… le fils de celle qu’il avait aimée avec tant d’emportement, tant de fureur !… L’innocente créature allait servir d’instrument aux angoisses de son père et de sa mère !…

Un infernal sourire crispa les lèvres du Sauvage ; il lui fallut un effort suprême pour retenir un cri de triomphe, le redoutable cri de guerre du Pawnie.

Son attente ne fut pas longue ; Manonie reparut bientôt. C’était la première fois que Wontum la revoyait depuis trois ans. Une émotion profonde et étrange le saisit à son aspect ; son visage s’assombrit en la contemplant ; il caressa de la main son couteau avec une amère volupté.