Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de sa cabane ; ils n’osaient même s’aventurer sur la colline où elle était bâtie.

Les causes de son existence isolée et triste étaient ignorées ; était-ce le remords, était-ce le chagrin ?… Personne n’avait jamais pénétré ce mystère. De l’avis des Settlers qui avaient fait au Solitaire quelques rares visites, ce devait être un homme pieux, car ils l’avaient trouvé en prières. Tout ce qu’on avait pu deviner c’était que sa mélancolie se reportait à des scènes lointaines dans son existence, et qu’il s’était exilé dans cette solitude pour fuir des lieux témoins d’un bonheur perdu.

Après un long silence, le vieillard releva la tête, et répondit à la question du jeune homme :

— Oui… je suis le vieil ermite pour tous ceux qui me connaissent un peu. Cependant je ne suis pas un anachorète, un reclus, comme vous paraissez le croire.

Le jeune homme promena ses regards autour de lui, comme pour chercher les compagnons qui partageaient la solitude du vieillard.

Ce dernier l’observait en souriant :

— Non, poursuivit-il, vous ne verrez ici ni femme, ni enfants, ni famille ; et pourtant je ne