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effrayants. Le lieutenant Marshall avait été blessé ; ses hommes, harassés par la lutte, et privés du concours de leur commandant, commençaient à se ralentir dans leur résistance.

Au milieu de la troisième nuit, les Indiens firent une charge désespérée : les assiégés se défendirent avec moins de vigueur. Encouragé par cette marque évidente de faiblesse, Wontum poussa si bien ses guerriers qu’ils pénétrèrent dans la première enceinte.

À ce moment, Manonie veillait auprès du lit de son cher blessé ; en s’apercevant de la position critique où se trouvait la garnison, elle sauta sur une hache, courut aux retranchements avec la furie du désespoir, appelant les soldats à elle, et se jeta au plus fort de la mêlée.

Cet acte de bravoure sauva le Fort : toute la garnison reprit courage sous l’influence de ce noble exemple ; il y eut une mêlée atroce, à la fin de laquelle les Sauvages furent repoussés.

Wontum fit des efforts inouïs pour s’emparer de la jeune fille ; puis, lorsqu’il se fut convaincu que c’était chose impossible, il ne songea qu’à égorger Marshall : cet acte de férocité aurait été pour lui une demi-vengeance.