Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’enfant obéit avec une adresse et une précaution au-dessus de son âge. Alors Manonie put voir au dehors par cette éclaircie : sa vue, il est vrai, ne pouvait se porter que dans une seule direction, mais c’était déjà quelque chose.

La nuit était splendide : les clartés d’une lune resplendissante étaient adoucies plutôt qu’obscurcies par les flocons légers de blancs nuages qui erraient lentement dans l’azur. Les gigantesques silhouettes de ces voyageurs aériens revêtaient tour à tour les formes les plus fantastiques ; ici c’était un chêne au feuillage touffu, là, un palais, plus loin un volcan au cratère de feu ; puis c’était un géant armé, un dragon fantastique, un lion couché, une panthère bondissante : et toutes ces images mouvantes, confuses, entrelacées, changeant de forme à chaque seconde, se balançaient au clair de lune comme un essaim capricieux de puissances surnaturelles mises en gaîté par cette belle nuit.

Au milieu de ces fantômes insaisissables, l’œil fasciné de la captive croyait parfois démêler la haute stature de son ami inconnu surgissant du fond de quelque ravin… mais un rayon glacé immobilisait soudain la forme entrevue et la