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trentaine de pas, elle distingua, dans l’ombre d’un arbre creux une paire d’yeux étincelants qui la regardaient d’une façon étrange. Au bout d’une seconde, un jeune homme de haute taille, sortant de sa cachette, se laissa voir un instant, appuya un doigt sur ses lèvres pour recommander le silence, et disparut comme un météore.

Manonie eut peine à retenir un cri de bonheur qui gonflait sa poitrine : son premier mouvement fut de s’élancer vers l’inconnu. Un instant de réflexion la calma : elle comprima son émotion, et revint à l’endroit où Wontum était assis avec le petit Harry. Toute tremblante, elle serra avec une sorte d’emportement maternel son cher enfant sur son sein, comme si elle eût voulu le disputer à l’univers entier. Wontum ne fit pas attention à cette exaltation fébrile qu’il considérait comme une infirmité féminine.

Le mystérieux allié qui venait de se révéler lui était complètement étranger ; elle ne se souvenait point de l’avoir jamais vu. Pourtant elle se sentait agitée d’une émotion inconcevable… chose facile à comprendre : son cœur battait à se rompre lorsqu’elle songeait que le bonheur, la liberté, la vie étaient proches et que quelques