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sonnait : puis elle serrait contre son sein le petit Harry, ce frêle objet de tant de joies, de tant d’angoisses, de tant de souffrances !

Sans cesse retentissait à son oreille le cri de cette voix mystérieuse et secourable : « Pourquoi le sang du méchant n’a-t-il pas coulé ? Pourquoi la mort n’est-elle pas descendue sur lui ? »

Wontum y pensait aussi avec une méfiance inquiète, et ne laissait pas s’écouler une seconde sans promener sur les alentours un regard inquisiteur : on eût dit qu’il soupçonnait la présence secrète d’un ennemi. Son hésitation était visible ; il redoutait de continuer sa marche ; son instinct sauvage lui faisait pressentir une poursuite ou des embûches cachées.

Manonie eut un mouvement de joie en contemplant la belle vallée qui se déroulait devant elle : après un court examen, elle s’était reconnue ; ce territoire, qu’elle avait souvent parcouru dans sa jeunesse, s’étendait, avec la Rivière-Douce, sur un espace de cinquante milles, et offrait à l’œil le plus admirable paysage qu’il soit donné à l’homme de voir. La jeune femme avait l’espérance et le désir de voir Wontum continuer sa course au travers de cette vallée, car dans ce parcours elle