— N’aie pas peur, mon mignon, nous verrons bientôt papa.
— Demain matin ?…
— Demain matin, peut-être.
— Où est ce méchant homme qui m’a emporté de la maison ?
— Chut !
— Ici ! gronda le Sauvage en s’approchant ; ici, le méchant homme.
Alors Wontum ramena sa prisonnière au centre du camp. Tout espoir d’évasion était perdu ; Manonie se résigna à prendre du repos.
Mais avant que le sommeil eût appesanti ses paupières, les échos profonds de la vallée envoyèrent à ses oreilles une sorte de rumeur plaintive et menaçante qui peu à peu devint une voix… Des paroles étranges planaient dans l’atmosphère sombre :
— Pourquoi le sang du méchant n’a-t-il pas coulé ?… Pourquoi la mort n’est-elle pas descendue sur lui ?
Ainsi parlait la voix mystérieuse dont la brise nocturne emporta rapidement les derniers murmures.
Wontum l’entendit et se dressa en sursaut