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COEUR-DE-PANTHÈRE

Un flot de sang bouillonna aux tempes de la pauvre désespérée lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur le couteau du chef : à demi sorti de sa ceinture, il brillait d’un reflet sinistre. D’une main ferme et souple elle retira l’arme de son fourreau, puis elle regarda sa pointe aigüe, rouge encore du sang de ce pauvre Blair ! un frisson glacial la pénétra jusqu’à la moelle des os : elle se sentait au milieu d’une atmosphère de mort. Aussitôt elle enveloppa son petit Harry d’un tendre regard : l’enfant dormait paisiblement, illuminé par la clarté douce des étoiles.

Tout était calme dans la nature ; le ruisseau murmurait, les feuillages babillaient, les insectes nocturnes bourdonnaient çà et là ; dans le lointain désert, profond, incommensurable, s’élevaient, s’éteignaient des rumeurs confuses : toutes ces voix de la solitude et de la nuit parlaient de liberté à la triste prisonnière.

Puis ses yeux retombèrent sur le monstre endormi près d’elle, sur l’ennemi implacable qui l’avait faite malheureuse. Le couteau sembla s’agiter dans la main de la jeune femme… N’avait-elle pas le droit d’en faire usage ?… Un seul coup, et la terre était débarrassée !… Mais sa main,