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culture de la pomme de terre industrielle et fourragère.

les grains, pour 32/100 par les betteraves, pour ̃23/100 par les mélasses. pour 5/100 par le vin et les analogues.

Lorsqu’on réfléchit à ces différences profondes dans l’allure de deux industries dont le but (production d’alcool et de drêches) est identique, dont les procédés sont analogues, et qu’on en recherche les causes, on est bientôt conduit à penser que la principale de ces causes réside dans les différences que présente, quant à son prix de revient, la matière alcoolisable offerte par l’agriculture l’une et à l’autre.

Si les distillateurs allemands préfèrent la pomme de terre aux grains, c’est que la culture met à leur disposition, à bon marché, des tubercules riches en fécule ; si les distillateurs français la négligent au contraire, c’est que, dans notre pays, son rendement en tubercules et la teneur de ceux-ci en matière amylacée sont trop faibles pour que son emploi en distillerie soit possible.

De cette faiblesse de nos récoltes et de leur pauvreté en fécule on a vu, depuis quelques années, l’industrie française de la féculerie souffrir dans une large mesure. Ce n’est pas seulement la concurrence des amidons de maïs qui a porté le trouble dans cette industrie, c’est aussi et c’est surtout l’abaissement progressif de la qualité des tubercules mis par l’agriculture à la disposition de nos usines.

Et si enfin la pomme de terre n’intervient aujourd’hui encore que dans une faible mesure à l’alimentation de notre bétail, c’est dans le prix de revient relativement élevé que lui impose la faiblesse de la récolte qu’il en faut chercher la cause.


Ce serait, cependant, une erreur que de considérer comme absolument inconnus en France, même par la grande culture, les hauts rendements auxquels aboutit. normalement la culture de la pomme de terre, en certaines parties de l’Allemagne.

Je dois à l’obligeance de mon regretté confrère de la Société nationale d’agriculture, M. Dailly, dont la comptabilité agricole doit, on le sait, être citée comme un modèle, la communication de ses comptes de récolte de pommes de terre, depuis 1843 jusqu’à 1885 ; ces comptes s’appliquent à une culture qui a varié de 20 à 45 hectares chaque année.