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n’avait pas écrit ce livre désespérant, dernier mot du matérialisme, qui nous rabaisse au niveau de la brute, Kant n’eût jamais développé ces considérations sublimes sur l’entendement, qui replacent le genre humain en présence de Dieu, et le scepticisme croirait encore avoir des arguments invincibles !

Au reste, notre indifférence pour toutes les doctrines furibondes qui ont ravagé le dernier siècle est une garantie suffisante contre ces mêmes doctrines. Voici un fait dont la portée est immense : à mesure que nos mœurs se matérialisent par le bien-être industriel, notre philosophie s’épure et se spiritualise par l’action toute-puissante, quoique inaperçue, de Platon et de l’Évangile. Aujourd’hui Locke et Hume, d’Holbach et Helvétius sont morts. Si le temps a épargné les écrits des deux premiers, c’est que ces écrits ont fondé une école. Mais cette école, qu’a-t-elle produit depuis cinquante ans ? rien de supérieur, pas un de ces livres qui jettent l’effroi dans les âmes et qui les forcent à la lutte et à la victoire. Ainsi le combat