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les lois morales de la nature, seul moyen d’en faire tomber les tyrannies, d’en révéler les mensonges !

Cependant l’Esprit des lois, même avec ses imperfections, était trop grand pour le siècle. Il eut alors peu de lecteurs ; on le loua et le critiqua sans le comprendre[1]. Aujourd’hui tout est changé ; les yeux se sont ouverts, il fait école. Ainsi il a fallu quarante années de bouleversements politiques pour que cet ouvrage fût compris : son intelligence nous est venue par la révolution qui en a été le commentaire. Et ceci est un brillant témoignage du génie de l’auteur. Quand Montesquieu écrivait, l’Europe était en plein repos. Mais lui, au fond de son cabinet, dans son fauteuil, où il passa vingt ans à méditer son livre, assistait à

  1. Helvétius lui-même ne comprit pas ce livre, ce qui est constaté par une lettre qu’il écrivit à Montesquieu et que les éditeurs des œuvres de ce dernier persistent à publier à la tête de l’Esprit de Lois, comme si cette lettre y jetait quelque lumière, comme si l’incapacité accidentelle d’Helvétius pouvait ajouter quelque chose à la gloire de Montesquieu.