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la vie intellectuelle des peuples. Où elles manquent, il n’y a point de gloire ; où elles manquent, les gouvernements ne vivent que de la vie matérielle et meurent tout entiers. Ainsi se sont évanouis les empires antiques de l’Asie, sans même jeter leurs noms à la postérité, ne laissant après eux que des pierres, du marbre, des pyramides et des tombeaux. Mais ce que l’ambition humaine, matérialisée dans les plus magnifiques monuments, refuse aux maîtres de la terre, la voix des Muses le leur accorde. La pensée vit plus que le marbre : son influence survit aux nations. Voyez la Grèce et l’Italie ; mortes comme puissance politique, elles règnent encore comme puissance littéraire ! Tout ce que nous avons de bien est leur œuvre. Nos poètes leur demandent des formes et des images, nos politiques des lois, nos orateurs des modèles, nos colléges des enseignements. Si huit ou dix hommes n’avaient existé, n’avaient pensé, à Athènes et à Rome, nous n’aurions ni littérature classique, ni éducation sociale ni gouvernements libres. Et c’est une chose grave et de haute conséquence qu’il ait fallu que ces huit ou